Enseignement - NON aux réductions budgétaires !

Mesdames, Messieurs les députés de la Communauté française (ou Fédération Wallonie Bruxelles),

Le peuple n’aime plus être trompé : respectez vos engagements !

Selon les syndicats de l’enseignement, les mesures que vous avez votées cette semaine (fin de la 7ème année qualifiante, fin de certaines options, réduction des heures de cours des profs notamment) s’élèveront à environ 8 millions d’euros en 2025 ; selon d’autres sources, il est question de 15 millions d’euros, impliquant de nombreux élèves et enseignants.

Vos mesures s’appuient sur le Pacte d’excellence de 2017, sur un rapport dressé par l’ASBL Agir pour l’enseignement, et sur les rapports établis par l’Observatoire du qualifiant, des métiers et des technologies (près de l’Administration générale de l'Enseignement).

Il est déjà surprenant de lire au bilan annuel 2018 – 2019 de cette ASBL Agir pour l'enseignement (n° d’entreprise BE0704849312) qu’elle parait avoir été subsidiée en 2019 à concurrence d’un montant de 7,56 millions d’euros (et peut-être même encore en 2020), soit l’équivalent de l’économie à subir par l’enseignement qualifiant en 2025 selon les syndicats !

Les arguments invoqués par votre mandataire, Madame la Ministre de l’enseignement Glatigny, pour motiver les mesures votées sont également très surprenants.  

Tout en invoquant une bonne application du Pacte d’excellence de 2017, elle soutient que les élèves ne seront pas sanctionnés par les mesures d’économie prises car « tout est mis en œuvre » pour qu’ils puissent poursuivre leur cursus dans un autre établissement qui délivrera la formation mais certes plus éloigné que le précédent, jusqu’à 35 kilomètres cependant ! Pourtant, le Pacte prévoit expressément ce qui suit : « un seuil minimum de 10 élèves par année pour les options pour lesquelles une alternative du même groupe d’OBG existe à moins de 10 km » (page 217) ! La suppression des options viole donc vos propres engagements pris antéreurement !

En outre, obliger les élèves à suivre leur formation plus loin est un non-sens économique et environnemental car les déplacements coûtent chers et polluent beaucoup alors que les élèves n’ont pas d’argent et que la Belgique a des impératifs européens environnementaux à respecter !  Ces mesures encourageant les déplacements contreviennent donc aussi aux objectifs environnementaux ! A aucun moment, Madame la Ministre n’a déclaré que l’offre des transports en commun, à parfaire en Wallonie, a été examinée au préalable afin de permettre aux élèves de se déplacer facilement jusqu’aux établissements de formation ! Vos mesures auront pour effet que les élèves, non véhiculés, pourtant (très) motivés, ne poursuivront pas leur formation, et seront dès lors moins attractifs sur le marché du travail, ce qui contrevient aux objectifs fixés par le Pacte d’excellence : « Axe 3 : Faire du parcours qualifiant une filière d’excellence, valorisante pour chaque élève et permettant une intégration socio-professionnelle réussie tout en renforçant son pilotage et en simplifiant son organisation » (pages 19 et 199).

Toujours selon le Pacte d’excellence, la suppression et le maintien des options doivent être justifiées sur la base des besoins socio-économiques et de concertation avec les acteurs de terrains : « Le pilotage de l’offre doit reposer sur des critères précis d’ouverture et de fermeture d’options en lien avec les évolutions du monde socio-économique, établis par le pouvoir régulateur en concertation avec les acteurs et présidant à la programmation et l’harmonisation de l’offre. » (page 21) ; « La réalisation du Cadastre des parcours éducatifs et post-éducatifs est à cet égard une priorité. » (page 210) ; « Pour ce faire, il est proposé de créer un service au sein de la future DG pilotage de l’AGE chargé de l’analyse et de la prospective ci-après dénommé "Observatoire du qualifiant, des métiers et des technologies" (page 211). Sur le plateau de Jeudi en prime de cette semaine, Madame la Ministre s’est bien gardée d’invoquer lesdits besoins socio-économiques et environnementaux. Ont-ils été établis avant les mesures votées ? On peut en douter ! De plus, Madame la Ministre a déclaré que ses collaborateurs mettent tous leurs efforts pour réaliser le Cadastre des parcours éducatifs, lequel était pourtant déjà « une priorité » en … 2017 ! Enfin, Madame la Ministre y a également reconnu le passage en force par le vote que vous avez exprimé, sans aucune consultation des acteurs de terrain !

En conclusion, vos arguments sont sans aucun fondement. Les mesures votées violent tant l’esprit que le prescrit du Pacte d’excellence ! Le Pacte d’excellence n’est en réalité pas respecté par son propre auteur ! Pourtant, des fonds publics ont été dépensés par millions (en subventions, en honoraires et frais d’entreprise(s) de consultance, en rémunération et en frais des Ministres successifs et collaborateurs, en réunions diverses, en prestations des enseignants et des directions d’école pour appliquer le Pacte, etc.), qu’il s’agit maintenant de récupérer le plus rapidement possible (sans analyse préalable) dans un secteur public pourtant fondamental qu’est l’enseignement et ce, au détriment des principaux intéressés à savoir les élèves. Les employeurs ne devront plus faire grief aux jeunes travailleurs qu’ils n’ont pas le niveau attendu !

Afin de permettre à la Communauté française - et donc à l’enseignement – d’être enfin financée convenablement et d’augmenter la qualité de l’enseignement, nous vous demandons

1/ de reconnaitre immédiatement et officiellement l'enseignement comme étant un service public fondamental, avec pour effets a) l'interdiction de toute réduction budgétaire, directement ou indirectement, actuelle ou future, et b) le financement de l'enseignement par priorité sur les autres dépenses publiques ; 

2/de tout mettre en œuvre immédiatement pour doter la Communauté française d’un pouvoir fiscal propre, lui permettant de devenir réellement une entité fédérée au même titre que la Région wallonne ou bruxelloise, et à défaut, de transférer la compétence de l’enseignement dans celles de la Région wallonne et bruxelloise.

Emmanuel Depret, un citoyen namurois, ex prof en haute école, papa de 3 enfants scolarisés, 15/12/2024.


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