Échec : "La montée de l'intégrisme : Lever le voile"


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2014-12-17 21:02

La question posée par l’émission Enquête diffusée les 27 et 30 novembre dernier est certainement pertinente. Malheureusement les journalistes n’ont pas vraiment tenté d’y répondre. Ce reportage prétend s’interroger sur l’existence d’une montée de l’intégrisme, particulièrement au sein de la communauté musulmane québécoise, mais passe largement à côté de la question.

Qu’est-ce que l’intégrisme? Le petit Robert le définit comme une «doctrine qui tend à maintenir la totalité d’un système», dans le cas qui nous intéresse, une doctrine religieuse. La religion catholique a évolué dans ses préceptes et dans la place qu’elle prend dans les prises de décision qui orientent notre société. On qualifierait sûrement d’intégrisme la volonté de certains chrétiens de châtier les homosexuels ou ceux qui renient leur foi si cette volonté se manifestait (ce qui n’est pas le cas). Si ce critère est valide pour un chrétien, il devrait l’être pour tout québécois, quelle que soit son origine ethnique et sa religion. Ainsi, le désir d’appliquer la Charia (réduction drastique des droits de la femme, polygamie, lapidation en cas d’adultère, mise à mort des homosexuels et des apostats, etc.) ne peut, dans les sociétés occidentales, qu’être vu comme une forme d’intégrisme. En fait, si un groupe de la «droite religieuse américaine» (qui a le dos très large) faisait la promotion d’un seul des préceptes de la Charia qui viennent d’être mentionnés, notre politiquement correcte Société Radio-Canada serait la première à crier au scandale et à l’intégrisme.

En 2013, le Pew Research Center a publié un rapport d’enquête intitulé «The World’s Muslims: Religion, Politics and Society» (disponible en ligne). On peut entre autres y lire qu’au Maroc, 83% des musulmans sont en faveur d’instaurer la Charia comme système juridique et parmi ceux-ci, 29% déclarent que la Charia devrait s’appliquer à tous les citoyens, musulmans ou non. En Tunisie, ces pourcentages sont respectivement de 56% et 40%. Au Liban, ils sont de 29% et 48%. Combien parmi les immigrants musulmans québécois provenant d’un pays d’Afrique du nord ou du Moyen-orient sont du même avis en ce qui a trait à la Charia ? Combien parmi les musulmans nés ici, quelle que soit leur origine ethnique, sont aussi de cette opinion? Leur nombre est-il croissant? Ce n’est pas le reportage de Radio-Canada qui nous l’apprendra.

Une question sous-jacente qui aurait pu être considérée dans cette «enquête» est la suivante : notre société devrait-elle être régie par la loi immuable édictée par un dieu (Allah dans le cas qui nous intéresse) ou plutôt par la loi des hommes qui suit l’évolution de ladite société? Il s’agit d’une question essentielle, d’un fondement de nos sociétés occidentales. Un désaccord sur cette question entre des factions importantes d’une société ne peut que mener au désastre. La préséance absolue de la loi de dieu est un précepte de base de l’Islam qui place cette religion en voie de collision frontale avec la démocratie. Malheureusement, cette question n’a jamais été posée aux divers «représentants» musulmans au cours du reportage.

Tout en prétendant être à la chasse à l’intégrisme, le reportage semble conclure que l’absence de signes d’incitation à la violence ou de langage haineux observés suite à une recherche superficielle est synonyme d’absence d’intégrisme. Rien n’est moins vrai. De nombreux musulmans, dans le monde, appuient les forces armées de l’État Islamique. Peu d’entre eux iront combattre à leur côtés.

Le reportage n’apporte donc aucune réponse à la question qu’il pose. Par le biais adopté, il contribue davantage à la désinformation en affirmant le contraire. Soulignons de plus qu’il est choquant de le voir s’attaquer de façon à peine masquée à la position des tenants de la charte de la laïcité et à la crédibilité de plusieurs intervenants québécois qui mènent un combat courageux et ingrat pour la défense de nos valeurs de liberté et de démocratie.

S’agit-il, de la part de Radio-Canada, d’incompétence ou de malhonnêteté intellectuelle guidée par un quelconque agenda caché? Chacun est libre d’en décider. Une chose cependant est sûre: dans ce cas, l’argent des contribuables a été bien mal utilisé.