Les élèves de CPGE soutiennent leurs enseignants.

maria

/ #431 Re:

2013-11-30 20:39

#402: Marie L. -

Officiellement, le ministère veut rogner la rémunération de ces "nantis" de profs de prépa et augmenter leur charge de travail, pour financer une maigre décharge pour les pauvres profs de l'Education Prioritaire....

Méthode classique (diviser pour mieux régner), qui ne doit pas faire perdre de vue qu'on nous prépare par ailleurs..... une réduction drastique du nombre d'écoles et de collèges classés dans l'Education prioritaire !
Donc une réduction drastique du nombre de profs susceptibles de bénéficier d'une décharge dans le cadre de l'Education Prioritaire.... et au-dela, du nombre d'élèves qui bénéficient d'un (petit) investissement supplémentaire ("donner plus à ceux qui ont moins"), avec tout ce que cela implique pour les résultats de ces élèves fragiles à l'avenir.

Par ailleurs le ministère met également en cause les décharges pour heures de labo, heures de vaisselle, etc des profs responsables du matériel de leur discipline, dans tous les collèges et tous les lycées. Il n'y a pas que les profs de prépa qui sont dans le collimateur.... les profs "ordinaires" aussi !

Et il veut modifier les allègements de service des profs en cas d'effectifs de classe surchargés - là encore, partout.
On comprend d'ailleurs mieux pourquoi, quand on se rappelle que la vague démographique des élèves nés dans les années 2000, qui bourre aujourd'hui les classes en collèges, ne va pas tarder à atteindre le lycée.... Le ministère anticipe donc cette arrivée, en redéfinissant préventivement les règles de calcul des services des profs. Ainsi il pourra bourrer encore plus les classes de lycée à l'avenir, sans que n'existe plus de compensation pour les profs.

Si le ministère entendait réellement donner plus aux profs de ZEP (et aux élèves de ZEP), il augmenterait les moyens dévolus à l'Education Prioritaire.

Ce qu'il pourrait faire, par exemple en s'attaquant sérieusement à la fraude fiscale qui soutire entre 60 et 80 millions d'euros chaque année au budget de l'Etat. Ou en réduisant le "Crédit Impôt Recherche" dont la Cour des Comptes dit elle-même que c'est une niche fiscale. Ou encore le Crédit Impôt Compétitivité (20 milliards sans contrepartie ni contrôle....).

Dès lors qu'il se refuse à envisager ces solutions, pour accueillir davantage d'élèves sans augmenter la dépense d'Etat pour l'éducation, quelle solution reste-t-il ? Eh bien, faire trimer davantage les profs, tous les profs.
Et traiter les élèves encore plus comme des sardines. Très logiquement, le ministère ne revient pas sur la réforme Chatel du lycée, dont l'"optimisation du remplissage" était déjà l'objectif majeur. Et il essaie, sous couvert de "refondation du métier des profs", de dépenser encore moins, sur le dos des élèves.

Il est vrai que l'esprit de concurrence existe dans certaines prépas, pour autant le travail collectif et la solidarité peuvent aussi s'y développer (c'est ce que j'y ai vécu). Pour avoir ensuite exercé comme prof (agrégée) en collège ZEP pendant plus de vingt ans, je peux souligner que le passage par la prépa forme durablement à exercer dans les contextes les plus divers - c'est un de ses mérites. Opposer ZEP et prépas comme le fait le ministère n'est qu'un artifice politicien.