Non à l'abrogation des décrets de 1950 pour les enseignants.

Prof toujours inquiet

/ #604 Et en France, témoignage d'une enseignante du premier degré

2014-05-01 07:50

Pour élargir le propos également, le témoignage d'une collègue du premier degré, dont nous ne connaissons pas forcément bien les obligations de services. Or il est question, si j'ai bien compris, de "regrouper" dans les années à venir d'une part école et collège, et d'autre part lycée et licence ("-3/+3").

L’organisation du temps de service des enseignants du 1er degré s’articule comme suit :
•24 h d’enseignement hebdomadaire face aux élèves
• 12 h de prérentrée : 6 h imposées cette année le 29 août et 6 h à effectuer avant les vacances de Toussaint mais pas au moment de la rentrée. C’est bien ballot car c’est là que l’on en aurait le plus besoin et cela aboutit encore à ne pas reconnaître le temps réellement passé à l’école. Cette année, le MEN, ne manquant pas d’humour et maniant avec grande expertise les truismes, a considéré que la journée de prérentrée ne s’étant pas faite face aux élèves (lapalissade!), il fallait donc la rattraper, ce que nous ferons le mercredi 11 juin toute la journée. Alors que tous les enseignants étaient bien sûr présents ce jour-là. Pourquoi ne pas rattraper tant qu’on y est les jours de l’année scolaire qui ne sont pas face aux élèves : les jours féries, les jours où nous avons des épidémies de gastro, grippe, varicelle….et où il manque 5 ou 6 élèves par classe…
•108 h annualisées :
•60h d’Activités Pédagogiques Complémentaires (APC) à raison de 36 h devant les élèves et de 24 h de concertation à répartir sur l’année scolaire.
• 18h d’Animations Pédagogiques : 6 h sont imposées (conférences) les autres sont au choix cet ensemble se tient soit le mercredi matin soit le samedi. Il est envisagé de faire de la formation à distance à partir de l’an prochain. Feuilles d’émargement à la clé, toute absence doit être justifiée sinon retenue sur salaire.
•12 h : relations avec les parents, Equipes éducatives, mise en place et suivi des PPS (Handicap), inscriptions pour les directrices….
• 24h de Conseil de cycle/maîtres : travail d’équipe, projet d’école, liaisons Grande section/CP ou crèches/petite section, CM2/collège…
• 6h de Conseil d’école : instance qui réunit les enseignants, parents élus, mairie, DDEN.(proche d’un Conseil d’Administration)
•6 h de journée de solidarité : à faire avant la fin de l’année soit un mercredi entier soit un samedi.
Cette organisation est soumise à un protocole et à contrôle très strict de la hiérarchie, Inspection de circonscription (IEN) et Direction académique (DA). Ce contrôle s’effectue a priori et a posteriori.
La directrice /le directeur doit fournir à l’IEN dans les 15 jours de la rentrée un tableau qui récapitule la répartition du temps de service hors enseignement par nature d’affectation avec les jours et horaires retenus ainsi d’un second tableau qui définit l’organisation des APC avec la répartition annuelle et les activités pédagogiques qui seront conduites et qui doit mentionner aussi les indicateurs retenus pour l’évaluation les périodes de l’année scolaire et le volume horaire dédié. A l’issue de chaque réunion, un compte rendu écrit et signé par toutes les personnes y participant doit être adressé à l’IEN. Il faut savoir qu’une directrice d’école n’a pas de secrétariat pour réaliser ces tâches ! Cerise sur le gâteau, la directrice doit aussi fournir un tableau de service pour chacune des enseignantes travaillant dans l’école et qui reprend par période et par nature, les horaires réalisés…c’est d’autant plus fabuleux qu’une directrice n’est en aucun cas la supérieure hiérarchique des enseignantes mais ne joue qu’un rôle d’animatrice et de coordinatrice….c’est un rôle de « flicage » qui n’a pas de raison d’être et qui alourdit considérablement le travail des directrices/directeurs et qui est pris sur leur temps personnel …on croule sous la paperasse !!! et on court après le temps.
Il est évident que les volumes horaires dédiés à la concertation pour les APC sont ridiculement élevés et il serait bien plus malin de les ramener à ce qui existait avant : 50 h devant les élèves et 10h de concertation. Au moins on aiderait les élèves…
A l’inverse le temps dédié aux relations avec les parents est anormalement bas, car en tant que directrice et pour beaucoup d’enseignants les 12 h sont « bouffées » dès début janvier et il est évident que l’on ne refuse pas d’entretiens aux familles… donc à nouveau on le prend sur notre temps personnel ! Une IEN lors d’une inspection a répondu à un enseignant qui s’en émouvait qu’il fallait considérer les 12 h comme un forfait mais pas comme une limite…malheureusement les faits ne peuvent que lui donner raison !
La réforme des rythmes scolaires ne va rien arranger et ne fera qu’aggraver la situation tant que l’éducation nationale ne fera pas une réforme de fond et sera le jouet de la poignée des IPR qui font la pluie et le beau temps mais qui sont totalement déconnectés de la vie des écoles et de leur fonctionnement et de syndicats qui sont prêts à accepter tout et n’importe quoi !
Tant que les enseignants resteront les parents pauvres de la République, il faut s’étonner de dégringoler dans le classement PISA car ce métier n’attire plus et on peut objectivement le constater lors des reçus au concours de PE qui ne sont plus assez nombreux pour pourvoir les postes et avec les barres d’admissibilité aux différents concours : PE, Capes et Agrégation. On ne peut enseigner une matière que si on la domine !