Sauvons la Forêt de Taillard

Demain Mardi 16 février 2016, EDF publiera son bilan 2015 :

Nous ne parlerons pas ici des résultats de production/consommation qui ont été publié il y a quelques jours par RTE, et que j' ai commentés. Non, il s' agit cette fois de la situation financière d' EDF, à replacer par ailleurs dans le contexte plus large de l' Europe, qui n' est pas sans influence sur cette question.

DES CHIFFRES DESASTREUX :

Vous apprendrez que ce fleuron industriel que fut EDF est en graves difficultés. Sa capitalisation boursière est passée de 160 milliards d' euros en 2008 à 22 milliards aujourd' hui. La capitalisation boursière représente la valeur d' une entreprise cotée à un moment donné... Cela signifie donc qu' entre les deux dates évoquées, l' Etat actionnaire à 84,5% de l' entreprise, a perdu l' équivalent de deux années d' impôt sur le revenu, à peu près ! On peut relativiser partiellement, en disant que toutes les grandes entreprises de production électrique européennes connaissent une situation analogue, E.ON, RWE, Vatenfall, Engie, ont perdu environ 75% de leur capitalisation en 7 ans. Cela n' est pas pour autant plus rassurant pour EDF.

Demain, les responsables annonceront un résultat positif de 2 milliards de bénéfices après impôts. Ce chiffre est trompeur, car ce résultat est en baisse nette par rapport à 2014, et il s' explique aussi par un ratio d' endettement en hausse très nette, EDF ayant augmenté son endettement d' à peu près 3 milliards d' euros supplémentaires, pour faire face à ses charges d' investissements multiples, et pour pouvoir continuer à distribuer des dividendes (surtout à l' Etat, qui se sert de l' entreprise comme "vache à lait" pour faire face à ses propres difficultés). L' endettement total de l' entreprise est donc passé à 37 milliards d' euros à peu près, le chiffre sera confirmé demain (à rapprocher des 22 milliards de capitalisation : EDF a un endettement supérieur à sa capitalisation totale !).

Comment en est-on arrivé là ?

DES SURCAPACITES MASSIVES DE PRODUCTION ELECTRIQUE EN EUROPE :

L' objectif européen de 20% d' EnR, non lié à la réduction de consommation de charbon et de pétrole pour la production électrique, a conduit à une surcapacité de production massive, alors que la consommation baisse du fait du réchauffement climatique et à cause de la crise économique. Ainsi, le développement du renouvelable éolien ou PV s' est fait au détriment du gaz (peu émetteur de CO2) et du nucléaire (totalement CO2 "free"). Par contre l' utilisation de charbon et de lignite (les pires pour le CO2) continuent et même augmentent, grâce à un prix très bas. Le résultat de cette politique de "gribouille" européenne, c' est donc l' émergence de surcapacités de production inutiles sur le plan climatique, et très coûteuses sur le plan économique, car l' éolien et le PV sont partout prioritaires sur le réseau, et partout subventionnés (par des systèmes différents d' un pays à un autre, en outre...).

UN MARCHE DE L' ELECTRICITE ABERRANT, QUI OBLIGE LES ENTREPRISES A VENDRE A PERTE :

Par la volonté de la Commission Européenne d' imposer partout le marché, l' électricité s' échange aujourd' hui essentiellement par une sorte de bourse, l' EPEX-Spot, où l' on peut acheter l' électricité de gré à gré en fonction de l' offre et de la demande : mais la demande étant de plus en plus faible par rapport à l' offre, sauf durant les pointes de consommation par temps froid, la tendance des prix de gros est à la baisse : au niveau européen, les prix de gros sont à moins de 30 euros/MWh, alors que les coûts de production à couvrir sont au minima de 45 euros/MWh pour le nucléaire existant, et plus de 60 euros/MWh pour les EnR les plus performantes (au niveau européen).

Ainsi, chaque MWh vendu sur le marché génère une perte de l' ordre de 15 à 35 euros ; EDF exporte chaque année entre 60 et 70 TWh vers ses voisins, donc une part importante des pertes de l' entreprise proviennent de ce déséquilibre de marché, même malgré la compensation partielle dûe à la CSPE... Ainsi chaque année EDF perdrait entre 8 et 10 milliards d' euros pour la seule production en France, selon le journal "Les Echos" du 11 février.

La fin de cet article sera publiée demain...