Rouyn-Noranda, faut qu'on se parle
Madame Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda
Madame Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
Monsieur Pierre Dufour, ministre responsable de la région d’Abitibi-Témiscamingue
Monsieur François Legault, chef de la Coalition avenir Québec et premier ministre du Québec
Madame Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec
Monsieur Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire
Monsieur Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois
Monsieur Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec
Rouyn-Noranda, « faut qu’on se parle! »
Rouyn-Noranda, il faut qu’on se parle. Nous arrivons à la croisée des chemins et notre histoire, notre relation de confiance, se trouve sérieusement mise à mal.
Nous sommes de nouvelles arrivantes et de nouveaux arrivants, certains plus récents, d’autres plus établis. Nous sommes des expatrié·es qui avons choisi Rouyn-Noranda pour son dynamisme ainsi que pour son mode de vie plus authentique et, croyait-on, plus sain. Nous sommes venu·es d’abord par aspiration professionnelle et personnelle, pour travailler, pour étudier, pour fonder une famille, mais aussi pour améliorer nos conditions et notre qualité de vie, profiter de la région, de sa beauté. Nous avons été séduit·es par les gens de l’Abitibi-Témiscamingue, la beauté de ce coin de pays, la vitalité communautaire et culturelle de la ville, par le plein air, et par la possibilité de prendre le temps de prendre le temps.
Nous sommes resté·es plein·es d’espoir et d’inspiration pour nous impliquer dans notre communauté, contribuer à son effervescence et concrétiser des idéaux collectifs. Rouyn-Noranda, on en a fait notre chez-nous. Nous avons osé nous déraciner et participons désormais activement à la vitalité sociale et économique de la ville. Nous avons décidé de mettre l’épaule à la roue pour que notre nouveau milieu prospère, évolue. En bout de ligne, notre histoire avec Rouyn-Noranda en est une d’amour.
Mais là, il faut qu’on se parle.
Nous souhaitons par la présente ajouter notre voix aux nombreux regroupements qui demandent légitimement que nous puissions respirer le même air qu’ailleurs, un air qui répond à des normes scientifiques valables et non malléables. Nous affirmons haut et fort, comme plusieurs autres, que le statu quo est inadmissible, que les demi-mesures sont inacceptables, et que la fermeté des élu·es et des citoyen·nes est maintenant de mise.
En tant qu’expatrié·es, nous avons un goût extrêmement amer au fond de la gorge; ce n’est pas juste parce que « ça goûte la mine ». C’est plus que ça. Ça goûte l’amertume d’une décision prise sans pouvoir tout mettre dans la balance et qui va à l’encontre de la santé de ses habitant·es.
Certes, en choisissant Rouyn-Noranda, nous savions qu’il y avait une fonderie en plein cœur de la ville. Mais au fond, nous ne savions absolument rien! Nous placions la présence de cette usine sur un pied d’égalité avec la présence d’industries diverses dans les zones plus urbaines ainsi que les zones périphériques que nous avons quittées. Finalement, force est de constater qu’aucun dénominateur commun n’est envisageable pour comparer ce à quoi nous nous sommes exposé·es en faisant le choix de nous établir à Rouyn-Noranda. Nous nous sommes expatrié·es avec ce sentiment que, malgré ces cheminées en pleine ville, nous demeurions au sein d’une société démocratique qui tenait compte de l’opinion des citoyen·nes et qu’il existait des normes environnementales et industrielles, des normes pour protéger la santé. Ce que nous constatons maintenant, par les différents discours de chiffres et de normes, c’est que, malgré ceux-ci, les améliorations n’ont clairement pas évolué au même rythme que la science.
Alors pour toutes ces raisons, nous envisageons de quitter la ville et sa région immédiate si les choses ne changent pas rapidement. Une telle décision serait déchirante et serait vécue comme une rupture. Nous sommes amoureuses et amoureux de notre ville, mais prendre des risques pour notre santé et celle de nos enfants n’est pas une option; nous devrons potentiellement prendre une décision personnelle si le bien collectif n’est pas privilégié. Rouyn-Noranda mérite la même qualité de l’air qu’ailleurs au Québec. Cette lettre se veut donc un cri d’alarme de la part de travailleuses et de travailleurs venus participer à faire de Rouyn-Noranda ce qu’elle est socialement et économiquement. Non seulement la crise actuelle met-elle à mal le recrutement de main-d’œuvre; elle met sérieusement en danger la rétention de celle-ci, tout aussi essentielle à l’essor et au développement de la communauté, de la société, de la culture et de l’économie. Elle met en danger notre présence ici.
Il est temps de se tourner vers l’avenir. La ville nous appartient à nous, les citoyennes et citoyens, anciens et nouveaux, qui lui donnons vie. C’est à nous de décider si on accepte les demi-mesures. Pour les signataires de cette lettre, la réponse est « non ».
Nous tenons à préciser que cette missive ne vise aucunement les travailleuses et travailleurs de la fonderie, qui sont des citoyennes et citoyens comme nous, qui ont sans doute les mêmes préoccupations que nous, et dont certain·es, comme nous, se sont expatrié·es pour contribuer au développement de la ville et de la région.
Louis-Paul Willis, professeur, UQAT
Marie-France Beaudry, administratrice, La Mosaïque interculturelle
Aude Weber-Houde, professeure, UQAT
Yannick Valiquette, technicien en documentation, BAnQ
Le SPUQAT, en tant que syndicat, est au fait de la réalité exprimée dans la lettre ci-jointe et entrevoit les répercussions possibles sur l'écosystème de l'UQAT et, par conséquent, sur les conditions de vie et de travail de ses membres. En ce sens, nous, les membres de l'exécutif, par notre rôle de représentation, avons le devoir de nous prononcer sur ces questions et nous co-signons la lettre. Comité exécutif du Syndicat des professeures et des professeurs de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (SPUQAT)
La Mosaïque, Association interculturelle d’accueil et d’intégration des personnes immigrantes en Abitibi-Témiscamingue souhaite appuyer les préoccupations émises dans cette lettre. L’association soutient l’importance de la qualité du milieu de vie et de la santé comme un facteur essentiel d’installation durable des personnes immigrantes. C’est en ce sens qu’elle joint sa voix aux instigateurs de cette démarche citoyenne et inclusive et encourage les personnes qui se sentent interpellées à signer celle-ci.
"Le SEECAT, en tant que syndicat, constate les mêmes préoccupations chez certains de nos membres que celles mises de l’avant par cette lettre ouverte. Les enjeux liés à la qualité de l’air ainsi que sur l’attractivité de la main-d’œuvre en région ont des impacts importants sur les conditions de vie et de travail de nos membres. Notre assemblée nous a donné le mandat d’ajouter notre voix aux signataires de cette lettre ouverte." Comité exécutif du Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue
Par souci de cohérence avec le propos de la lettre, les gens originaires de Rouyn-Noranda qui se reconnaissent et qui le souhaitent sont bienvenus à la cosigner, en incluant la mention “originaire de Rouyn-Noranda et en soutien à la démarche”.
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