Non à l'intervention étrangère en Libye !

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FRESSE MICHEL

#31 casado

2011-06-07 02:53

Etre contre l'intervention en Libye parce qu'on est contre le capitalisme... voila une idée qu'elle est bonne. Aussi logique que dire par ex : je tronçonne un cerisier... pour avoir de plus grosses cerises... Bref vous prenez un argument qui n'a rien à voir avec le but à atteindre!!

Réponses

Michou le frais

#33 Re: casado

2011-06-25 02:18:26

#31: FRESSE MICHEL - casado

je vous conseille de lire cet article : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/230611/les-dix-erreurs-de-lotan-en-libye
pourquoi affirmer que ceux qui sont contre l'"intervention", (pour parler vrai, prlos plutôt de guerre et mettons de vrais mots sur ce qui se passe) en Libye sont anti-français ? Je ne comprends pas votre raisonnement. Pourriez-vous concevoir que certains Français trouvent qu'il est scandaleux de payer 100 millions d'euros pour une destruction organisée de la Libye, alors même qu'on vient leur dire  que les caisses sont vides, qu'il faut travailler plus longtemps pour financer les retraites, que les classes sont surchargées parce que la moitié des professeurs partant en retraite ne sont plus remplacés ?
Comment peut-on accorder une confiance aveugle aux dirigeants du Conseil National de Transition, alors que beaucoup sont des islamistes, que l'un d'entre eux est le responsable de la condamnation à mort des infirmières bulgares dont on a fait si grand cas ?
Comment peut-on accepter un tel travestissement d'une résolution de l'ONU ?
Comment peut-on à ce point méconnaître la capacité de résistance du colonel Kadhafi ?
Le colonel Kadhafi s'est construit, psychologiquement et politiquement, dans la lutte contre toute forme de colonialisme et d'impérialisme. Ainsi cite t-il toujours l'expédition franco-britannique de Suez, en 1956, comme l'événement qui a fait naître sa conscience politique. Ironie de l'Histoire, ce sont ces deux mêmes pays qui sont aujourd'hui à la tête de la guerre menée contre lui.

Contrairement au dictateur déchu Ben Ali et à l'autocrate Moubarak (dont les armées étaient à la solde des Etats-Unis), Kadhafi est porté par une idéologie et un goût pour la confrontation et le combat et il a pour modèles Che Guevara et Fidel Castro. Il ira donc jusqu'au bout de son combat et on voit mal comment il pourrait accepter de quitter ce pouvoir qui est toute sa vie depuis 42 ans pour aller finir ses jours comme un simple retraité dans une résidence africaine. Conditionner l'arrêt des bombardements à son départ de Libye est donc un but de guerre irréaliste qui méconnaît  la personnalité du dictateur.
S'il est dérangeant de penser qu'un régime dictatorial dispose d'une certaine base sociale, nier cette réalité ou la négliger conduit à de graves erreurs d'analyse. Là aussi, tout laisse à penser que la décision d'entrer en guerre a été prise sans connaissance ni analyse un peu sérieuse et objective des réalités du pouvoir et de la société libyenne.

Et votre fameux argument : "Les pays démocratiques doivent aider tous les peuples qui veulent se libérer du joug de leurs dictateurs." est totalement inadapté à la situation. D'abord parce que vous faites l'amalgame entre "groupe de rebelles qui ne sont absolument pas représentatifs du peuple libyen" et le peuple libyen lui-même. En quoi ceux-ci seraient-ils légitimes ?
L'irruption d'un acteur étranger dans une guerre civile, loin de régler les problèmes, tend à en créer de nouveaux

La France et les autres pays de l'Otan impliqués dans les bombardements de la Libye sont les acteurs militaires directs d'un conflit intérieur libyen. Quelle que soit l'évolution de la guerre en Libye, la poursuite des opérations militaires de l'Otan au-delà de l'objectif initial de protection des populations civiles contribue chaque jour à confisquer la révolte libyenne au peuple libyen. Si tant est que cette guerre apporte la victoire à terme de l'insurrection, pour une partie de la population libyenne elle apparaîtra comme un sous-produit d'une nouvelle intervention militaire occidentale dans un pays arabe. Et ce n'est pas la participation symbolique des Emirats arabes unis, dont on sait qu'ils abritent depuis peu une importante base militaire française, et du Qatar qui a soutenu dès le départ l'insurrection libyenne par la voix de sa chaîne Al-Jeezira (tout en se gardant de dénoncer l'intervention militaire saoudienne pour mater le début d'insurrection populaire au Bahreïn), qui changeront cette perception.

Enfin, les bombardements qui frappent tous les jours Tripoli depuis trois mois et qui font –quoi qu'on en dise– des victimes civiles, ainsi que l'embargo et l'isolement international dont les populations civiles de Tripolitaine sont les premières à souffrir, contribuent à entretenir le ressentiment d'une majorité d'habitants de cette région, tant à l'égard des Occidentaux que des habitants de Cyrénaïque, accusés à juste titre d'avoir appelé à l'intervention militaire directe de puissances étrangères contre d'autres Libyens. 

En ce sens, la poursuite de l'intervention militaire directe de l'Otan dans cette guerre pose plus de problèmes à long terme pour la Libye qu'elle n'en résout. A fortiori quand les buts de guerre de l'Otan n'ont plus qu'un rapport lointain avec l'objectif initial affiché de «protection des populations civiles».

Le préalable du départ de Khadafi à l'ouverture de négociations prolonge la guerre civile et installe le pays dans la violence

Alors qu'aucune issue militaire ne se dessine sur le terrain (sauf coup direct très hasardeux d'une bombe sur Kadhafi), la probabilité est forte que la guerre civile se prolonge longtemps. Les trois zones «libérées» peuvent continuer avec des succès divers, et selon des modalités qui leur sont propres, à s'installer dans une économie de guerre civile dont les ressorts sont bien connus. Les réseaux d'économie informelle sont déjà en place. Chaque jour qui passe contribue à renforcer l'addiction psychologique aux combats et la violence mimétique des acteurs, phénomène bien connu des observateurs des guerres civiles.

Si le radicalisme des cadres du CNT et de certains combattants insurgés qui luttent depuis plus de trois mois pour se libérer est compréhensible, il est loin d'être avéré que l'ensemble de la population libyenne souhaite voir perdurer cette guerre civile et la partition de facto du pays. En renforçant les extrémistes du CNT dans l'idée que la victoire militaire est possible grâce aux bombardements et qu'aucune solution négociée n'est acceptable, les responsables des pays de l'Otan (principalement la France et la Grande-Bretagne) portent une part de responsabilité dans la poursuite de cette guerre.

Le refus de la France, la Grande-Bretagne et des Etats-Unis (qui n'ont pourtant toujours pas reconnu officiellement le CNT) d'explorer la voie d'une transition progressive vers une Libye post-Kadhafi qui ne passerait pas par le préalable indispensable du départ de Kadhafi du pays est donc contraire à l'objectif affiché de protection des populations civiles.

Il y a urgence à trouver une solution négociée dans le double but de sauver des vies et  garantir la préservation d'un « vivre ensemble » libyen à plus long terme.

LA GUERRE N'EST JAMAIS LA SOLUTION.
L'USAGE DE LA FORCE EST UN AVEU DE FAIBLESSE ET DE VOLONTE DE DOMINATION.