halte a la destruction de la recherche scientifique

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Visiteur

#85

2012-02-03 14:16

Si on regarde le site de l'AERES, on découvre que le pourcentage de laboratoires notés A ou A+ est de 67%, pas de 90% comme l'affirme la pétition. Par ailleurs (comme indiqué plus haut), les laboratoires classés C sont le plus souvent fermés ou mis en restructuration. Contrairement à la pétition, on ne peut donc pas dire que l'évaluation n'a pas d'effet.

Soit la pétition part du point de vue selon lequel il ne faut pas évaluer les chercheurs, et donc, en effet, il faut fermer l'AERES et l'ANR, demander au contribuable français un chèque en blanc (faites nous confiance, on saura bien utiliser l'argent) et répartir d'une façon équitable cet argent (par exemple, la même dotation pour tout enseignant-chercheur qu'il fasse ou non de la recherche), soit le elle reconnait que l'évaluation est indispensable (pour les équipes et les projets), mais qu'elle doit être simplement mieux faite.

De ce point de vue, le problème essentiel n'est pas l'existence d'une agence d'évaluation (AERES) ou une agence de moyen (ANR), mais plutot que ces agences fonctionnent 'à la française', c'est à dire avec une grande opacité dans la gouvernance et le choix des experts. Une réforme simple? nommer un comité scientifique international dont la seule attribution est de sélectionner un pool d'experts français sur la base de leur rayonnement international (plutot que la procédure opaque de bouche à oreille: tu connais untel? il est bien?), et des règles déontologiques très strictes (repérage de conflits d'intéret, audit d'un échantillon aléatoire des décisions des deux agences par des comités élus).

Réponses

Laurent

#95 Re:

2012-02-04 05:59:38

#85: - Excellente analyse

Je trouve cette analyse excellente, posée et très réaliste associée à des propositions simples et dont le système bénéficierait grandement. Personnellement en première ligne de ces évaluations en tant que responsable d'équipe "Avenir" de l'INSERM ayant eu à justifier de mon activité, je n'ai franchement pas vécu l'évaluation de l'AERES comme une corvée et une montagne infranchissable (même si pour être parfaitement honnête on bénéficie d'un certain statut qui protège beaucoup de cette évaluation). La présence des experts étrangers au sein du comité qui nous a évalué était à l'évidence quelque chose de positif, et c'est très souvent eux qui posaient "les questions qui fachent" (et pas de façon aggressive) qu'aucun de nos collègues francais n'avait le courage de poser (on sait jamais de quoi est fait l'avenir... Et oui forcément dans un petit pays comme la France, ces membres AERES auront eux mêmes à se faire évaluer un jour par des gens qu'ils ont à juger ce jour la... la le serpent commence à se mordre la queue...). Le problème majeur de l'AERES est l'hétérogénéité de l'évaluation et donc de son coté aléatoire (par ex, l'AERES n'est même pas fichu d'imposer un format de présentation identique selon les instituts: temps de présentation, public ou à huit clos, etc...). Par contre, très honnêtement, si l'AERES ne faisait pas son travail d'évaluation indépendemment des EPST (ce qui n'est pas totalement le cas, je rappelle quand même qu'il y a des représentants des commissions de spécialistes des EPST concernés le jour de l'évaluation AERES), je doute que certaines équipes dont les difficultés récurrentes nécessitent à un moment de trancher (je sous-entend la fermeture) soient fermées...

Et pour l'ANR, c'est le même constat: ce type d'outil de financement par projet est un plus pour la recherche. Son problème majeur, c'est bien le manque de moyen et le peu de succés, ce qui rend effectivement l'évaluation (et donc le financement) des projets bien trop aléatoires. Pour preuve: nous avons bénéficié de plusieurs de ces ANR qui nous permettent de faire des recherches que je considère compétitives avec nos "ennemis les américains" (réf à un autre commentaire sur notre positionnement vis à vis du système anglo-saxon". Faut arrêter ca aussi! Les seules ennemis qu'on a, c'est nous même, incapables de nous organiser comme il faut... L'herbe n'est pas plus verte la-bas. Commencons juste à faire ce qu'il faut pour qu'elle pousse mieux ici...). La mauvaise surprise vient plutot du retour de l'ANR qui malgré une évaluation très positive ne s'est pas gêné de nous couper le budget de... 60%... Je me suis dis que j'allais demandé aux post-docs de se couper les 2 jambes (pas les bras, il faut quand même qu'ils puissent pipetter...), ca me permettra de pouvoir les payer avec ce qui reste...

La conclusion: cette polémique est un problème très franco-francais. Tant qu'on n'a pas un système parfait, surtout ne faisons rien! Les propositions faites dans le commentaire sont d'excellentes idées, qui plus est très simples à mettre en oeuvre. Si j'étais un décideur, je mettrai cette personne censée à l'ANR ou l'AERES. A l'évidence, il/elle pourrait faire avancer le système. Comme quoi, il n'y a pas que des cons parmi nous :-)